L’année 2023 fut une année singulière sur les plans économiques et financiers. D’abord marqué par de successives hausses de taux directeurs, l’automne semblait marquer un sommet. Alors qu’en est-il de ce début d’année 2024 et que pouvons-nous attendre de la suite ?
Pour contextualiser, après la crise sanitaire et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’économie mondiale se trouvait dans une situation de surchauffe. L’inflation faisait un retour brutal dans les pays occidentaux compressant le pouvoir d’achat des ménages. Les banques centrales ont dû user de leur meilleur atout pour ralentir l’économie : la hausse des taux directeurs.
Les conséquences furent rapides et nombreuses. Tout d’abord, les obligations émises perdaient en valeur d’échange à chaque nouvelle hausse de taux. Plus visible, la hausse des taux d’emprunt provoquant mécaniquement une baisse de la valeur de l’immobilier, ce secteur se grippe. De nombreuses SCPI revoient donc à la baisse la valeur de leurs actifs, et donc de leurs parts, ce qui chez certains acteurs dévoile quelques fragilités et créer une vague de ventes. Dans le secteur du résidentiel, si les propriétaires ont encore du mal à acter la baisse de la valeur de leurs biens, les transactions se raréfient.
Ce changement de paradigme demeure aussi source d’opportunités. Tout d’abord, la rémunération des fonds euros se revalorise largement. De nombreux assureurs proposent ainsi des offres bonus permettant de compléter des distributions déjà revues à la hausse. La crise de l’immobilier profite aussi à de nouveaux acteurs qui constituent des SCPI en capacité d’afficher des rendements exceptionnels (près de 8%). L’automne 2023 ayant marqué une pause dans le cycle de resserrement monétaire les actifs obligataires connaissaient également une forte revalorisation. Enfin, les marchés actions, notamment portés par le luxe et la tech marquaient de très bonnes performances en 2023.
Le début de cette année 2024 ne semble pas vouloir casser la bonne dynamique créée à la fin de 2023 puisque la bourse marque de nouveaux sommets historiques en ce mois de février 2024. Des records absolus sont atteints pour : le CAC40, l’Eurostoxx50, le S&P500, le Dow Jones, le Nasdaq, le Nikkei, le Dax… Les résultats des entreprises cotées demeurent exceptionnels, bons ou meilleurs qu’anticipés ce qui suffit à alimenter cette hausse. En revanche, les perspectives changent un peu. Si les premières anticipations pariaient sur une première baisse de taux en mars suivi de plusieurs baisses successives en 2024, les experts s’attendent désormais à une baisse plus tardive et plus lente que prévu. En effet, l’année 2024 constitue une année aux incertitudes nombreuses. Plus de la moitié de la population mondiale se rend aux urnes. 4 milliards d’électeurs sont concernés dans des pays et régions aux enjeux géopolitiques importants : Europe, Russie, États-Unis, Inde, Taïwan, Iran… Alors, quelles conséquences sur les investissements ?
Dans un scénario de taux qui resteraient plus haut et plus longtemps qu’attendus, nous devons nous attendre à des hausses de rendements et des baisses de valeur. Si les taux restent à un niveau relativement haut, les rendements des fonds euros et obligations devraient conserver de bonnes performances. Dans ce climat, le pouvoir est à ceux qui détiennent le capital. À l’inverse, il est beaucoup plus coûteux d’emprunter. Nous devons donc nous attendre à une baisse tangible des prix de l’immobilier. Les SCPI devront augmenter leurs rendements pour concurrencer des actifs sans risque plus rémunérateurs. Pour ce faire, elles devront pouvoir collecter et investir dans des actifs au prix réduit pour en augmenter le rendement.
Pour conclure, ce début d’année 2024 s’inscrit dans la continuité du dernier trimestre 2023. Les indices battent des records et les rendements s’accroissent. Les taux directeurs pourraient baisser plus tard et plus lentement que prévu ce qui pourrait continuer de peser sur le marché de l’immobilier, mais bonifier la rémunération du capital.
Rédigé le 23 février 2024